528             MEMOIRES DE PIERRE OE LESTOILE.
le regard des autres, qu'elle ne valoit rien, et estoit du tout inique, n'aiant moyen de subsister ni de vivre, si non en les paians de ce qu'il leur estoit deub. La Bruiere dit qu'il y devoit avoir de la consideration en cela; qu'il y en avoit qu'on sçavoit notoirement ne pouvoir paier, es­tant desnués de tous moiens: qu'il n'i avoit apparance d'y contraindre ceux-là ; mais qu'il y en avoit aussi d'autres à Paris qu'il connoissoit fort bien, et qu'il nommeroit quand besoin sero.it, qui ne vouloient payer, et toutefois en avoient les moiens; qu'il falloit les y contraindre, et qu'il estoit plus que raisonnable qu'ils paiassent.
Le dit jour, fust presentée requeste, signée d'un grand nombre de bourgeois de Paris, pour ne paier aucunes debtes jusques à la paix, ni deux ans aprés. Sur ladite requeste fust mis : Neant,
Le mecredi 17 de ce mois, un nommé Le Turq, gar­son des plus desbauches et corrompus de Paris, disnant sur La Chapelle Marteau, et laschant des traits de risée ( comme ont accoustumé telles gens ) contre la mort et jugement de Dieu, disant entre autres choses (ce qui est aujourd'hui trop commun en la bouche de beaucoup) que le terme valoit l'argent, rencontra ce terme beaucoup plus court qu'il ne pensoit; car aiant à peine achevé de manger son potage, lui prist une foi­blesse qui l'envoia en l'autre monde deux heures aprés.
Ge jour, un nommé d'Amboise, chirurgien, pour avoir dedié ses thèses au Roy, et lui avoir donné (comme on a de coustume aux rois) beaucoup de grands et augus­tes tiltres, fust troublé par le recteur en sa reception de medecin ; et donné decret de prise de corps contre lui.
Le jeudi 18 de ce mois, courust un faux bruit à Pans de Vienne pris par le Turq.
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